Je perds un ami – Marc Klauser décède
Marc Klauser, notre vendeur romand, a demandé un entretien personnel. Cela tombait bien. La foire BEA de Berne approchait et j'y étais pour quelques jours. Nous avons convenu que Marc viendrait en renfort et que nous aurions notre entretien à la fin de la foire. La journée s'est déroulée normalement. Comme d'habitude, Marc s'est occupé des contacts romands et moi des contacts allemands. Le soir, il m'a annoncé qu'il était très fatigué depuis son déménagement en hiver et qu'il avait subi une série d’examens de contrôle. Le diagnostic était tombé, il avait un cancer. L'opération était possible, mais il devait encore subir d'autres traitements et ne serait donc plus en mesure de s'engager pleinement professionnellement. J'étais sans voix. Est-ce qu'il voulait arrêter de travailler ?
Non, pas du tout. Son travail lui apportait beaucoup de joie. Il aimait les discussions avec ses clients et prospects et aimait l’entreprise. Tant qu'il le pouvait, il voulait continuer à travailler. Nous avons convenu qu'en cas de besoin, il ferait appel à Bernard Bussard, qui avait déjà effectué des travaux d'entretien pour nous. Bernard était un homme à tout faire de longue date. C'était un excellent technicien et un excellent solutionneur de problèmes, et il était également capable d'aider Marc dans la vente. Nous avons convenu de décider de la marche à suivre en fonction de son état de santé.
Peu de temps après, la Poste française nous a contacté, car ils souhaitaient avoir un contact avec la Poste suisse et ils voulaient essayer notre DXP. J'ai demandé à Marc et il s'est réjoui d'organiser cet événement. Il s'est réuni avec les facteurs de Lutry, qui avaient déjà quelques DXP en service, a organisé avec sa perfection habituelle la démonstration, suivit d’un déjeuner et d’un échange informel avec des représentants de la direction de la Poste Suisse. Il ne me restait plus qu'à me rendre à Lutry avec quelques prototypes pour montrer les derniers développements sur ceux-ci. L'événement a été un grand succès et les gens de la Poste suisse et de la Poste française étaient très satisfaits. Sur le chemin du retour, Marc m'a montré sa nouvelle petite maison - située directement au bord du lac de Neuchâtel. Il a retiré sa cravate et m'a fait remarquer qu'il l'avait portée lors de son entretien d'embauche et qu'il la portait maintenant pour cet événement. La soirée était très détendue. Marc était fier de son nouveau petit royaume. Mais il était aussi fatigué. J'ai donc pris congé avant le dîner, ce qui était inhabituel.
Ensuite, il y a eu des hauts et des bas. Après une grosse opération, qui s'était bien déroulée, il m'a appelé, car il voulait un CLASSIC DX. Je n'avais pas besoin de lui donner les arguments, il les connaissait déjà. Seul le prix pourrait peut-être faire l'objet d’une discussion. Avait-il droit à une réduction en tant que collaborateur ? Si oui, la vente comptait-elle pour ses statistiques de vente ? Il voulait que tout soit correct. Marc était un vendeur pur-sang et il était très précis, presque pédant.
Dès lors, il se contenta de téléphoner aux clients et aux personnes intéressées, tandis que Bernard se chargeait de toutes les démonstrations et livraisons.
Le traitement avait bien fonctionné et il avait eu une deuxième opération. Il reprit espoir et a recommencé à se rendre chez ses clients et à profiter de sa maison et de son bateau à moteur. Début août, il était très euphorique car il avait une nouvelle visite de contrôle le jeudi suivant. Il allait alors savoir quand il pourrait reprendre le travail à plein temps. Mais il était encore faible et cela pourrait encore prendre un peu de temps. Immédiatement après son rendez-vous, il a téléphoné. Les nouvelles étaient très mauvaises, son cancer était généralisé. Il pouvait subir une nouvelle opération, mais elle n'en valait pas la peine, car il ne vivrait probablement que quelques semaines supplémentaires et ne pourrait certainement même plus quitter l'hôpital. J'étais sans voix face à ce revirement. Il y avait quelques jours encore, nous pensions tous les deux qu'il allait s'en sortir. Maya et moi voulions en fait partie en vacances, mais Marc voulait me voir avant, car il ne pouvait pas dire combien de temps il serait encore capable d'effectuer toutes les tâches administratives. Nous avons donc convenu que je lui rendrais visite avec Maya le dimanche suivant à l'hôpital pour prendre en charge toutes ses affaires en suspens. Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital, toute la famille de Marc était là. Nous avons parlé de nos projets de vacances et Marc nous a prodigué des conseils sur ce que nous devrions visiter pendant notre voyage. Il nous a notamment recommandé Pérouges, un magnifique village médiéval situé près de Lyon.
Pour les informations professionnelles Marc ne voulait que la présence de Maya et de moi-même. Sa famille a alors dû quitter la chambre. Nous avons passé en revue tous les prospects et tous les clients et je me suis dressé une longue liste de choses en suspens. Cela a duré tout l'après-midi. Lorsque nous avons eu terminé, je lui ai demandé comment il se sentait ? Il a parlé d'une fin qui se dirigeait inexorablement vers lui. Seul un miracle pourrait encore le sauver. Nous avons reparlé de notre dernière manifestation avec la Poste française. C'était vraiment la dernière fois qu'il avait porté sa cravate. Nous avons tous les deux ri. Maya et moi avons dit au revoir à Marc en pleurant et nous sommes partis pour Pérouges. Cet endroit est magique et depuis, nous y passons toujours une nuit lorsque nous allons en France.
La nouvelle du décès de Marc nous est parvenue le mercredi suivant. La dernière fois qu'il avait réagi, c'était le dimanche. Dans l'église la plus proche, nous avons allumé un cierge pour Marc. Nous le remercions pour tout ce que nous avons vécu ensemble.
J'en ai tiré une leçon :
- De temps en temps, les mots manquent.
- La mort est définitive. Il n'y a pas de retour en arrière possible.
- La tristesse et la joie sont très proches l'une de l'autre.